Podcast Mondo ( Question-Réponse ) : mes pensées ne sont pas moi (?)

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Transcription :

Question :
On entend beaucoup la phrase « les pensées ne sont pas moi ». Qu’est-ce que ça signifie ?

Réponse :
C’est une façon d’exprimer que nous sommes infiniment plus que nos pensées.
Que nos pensées sont un aspect de ce que nous sommes, notre activité. Mais que nous ne pouvons pas nous résumer à, nos pensées. Ce qui remet totalement en questionnement le « je pense donc je suis » dont notre culture s’abreuve, se nourrit. Il faut absolument requestionner toutes ces espèces de choses qui nous paraissent tellement évidentes qu’on ne les remet plus en question :
Ces pensées sont-elles à moi ? est-ce moi qui les produit ? de quelle façon ? Au cas où on répond « oui », on doit creuser. On doit se demander de quelle façon elles sont produites ? par qui ? est ce qu’il y a quelqu’un qui les contrôle ? est ce qu’il y a quelqu’un qui les dirige ? qui les arrête s’il le souhaite ? On doit se poser aussi la question de « où vont-elles quand elles disparaissent ? ». C’est tout l’enseignement du Bouddhisme : commencer à regarder ces pensées, ces activités mentales, comme un objet conditionnel, et non pas un objet contrôlé. Il y a beaucoup de choses dans une petite phrase comme celle-là. Mes pensées ne sont pas moi c’est le reflet : c’est Sosan [le 3ème Patriarche] qui se regarde dans la rivière et qui comprend que le reflet n’est pas moi. L’histoire même de la tradition Zen.
Je pense que c’est vraiment important d’étudier ce genre d’enseignement. Étudier pendant Zazen

Complément de question : Pour compléter ma question : comment faire pour faire un pas en arrière par rapport aux pensées ?

Réponse : Attention aussi aux expressions : je ne sais pas si ce n’est pas en arrière ou un pas en avant. Peu importe d’une certaine façon, peut-être c’est aussi un pas de côté. Donc ce sont des images, des analogies, des métaphores. 
Mais c’est vrai que ce qu’on peut expérimenter pendant Zazen, c’est qu’on peut physiquement ressentir qu’on s’extraie du courant mental, en revenant dans l’activité naturelle du corps, dans la présence naturelle du corps. On revient à quelque chose qui est avant l’activité mentale, c'est à dire l’identification aux pensées, l’appropriation, la saisie.
Donc cette extraction, oui elle peut s’apparenter à une espèce de pas en arrière, c'est à dire de revenir à quelque chose qui est avant le voile de l’activité mentale. C'est à dire la présence naturelle, l’unité. Ça peut se ressentir d’une façon assez physique à chaque instant, à chaque fois qu’on lâche la pensée dans laquelle on est impliqué ou identifié.